En prenant des responsabilités dans l’entreprise, les femmes ont d’abord du faire leurs preuves en se montrant « des hommes comme les autres ». Les hommes « forts » négligent leur santé, ont des conduites à risque, se suicident plus que les femmes et meurent en moyenne avant elles. La question de la santé n’avait donc pas sa place.

Ce thème avait pourtant été abordé lors du premier colloque du Cercle InterElles. Danielle Pozza de l’Hôpital Américain faisait partie des fondatrices et avait mis au programme un atelier « La santé et les femmes ». Cette collaboration ne s’est pas poursuivie et ce thème est retombé dans l’oubli. D’autant que le corps des femmes n’était pas sans poser problème dans un univers masculin. Lors de ce même colloque, Delphine Gardey historienne, en nous présentant l’histoire des pionnières et leur accès au pouvoir et aux responsabilités avait marqué comment au 19ème siècle il avait fallu aménager l’espace pour protéger les hommes de la menace sexuelle que les femmes faisaient porter par leur présence.

Cette menace avait refait surface quand une femme Première Ministre en Finlande, Sanna Marin, avait été filmée en train de danser dans une réunion privée dans un jean moulant. Le scandale avait été important qu’elle apparaisse « sexuée ». Nous avions expliqué ce qui était en jeu dans un article intitulé « Cachez ce sein ».

Le colloque 2022 a néanmoins choisi de s’emparer de ce thème de la santé des femmes, quitte à franchir les tabous jusqu’alors respectés. Cela nous a mené.e.s à nous fixer ces objectifs :

• Créer un réseau inter-entreprises afin d’encourager les entreprises à mettre la santé des femmes au cœur de leurs préoccupations.
• Militer en faveur d’un suivi médical différencié dans les entreprises.
• Inciter les entreprises à prendre en compte les différences et les spécificités de la charge mentale entre les femmes et les hommes en :
  • Proposant des actions concrètes et des actualités tout au long de l’année.
  • Accompagnant les entreprises qui le souhaitent dans la mise en place d’actions.
  • Partager les outils pour améliorer les prises en charge.

• Se saisir des questions pré  et post-natales dans la gestion du temps de travail.
• Poursuivre la correction des biais notamment dans la conception des postes de travail.
• Exiger que les notices de médicament présentent : une posologie et des effets secondaires différenciés pour les femmes et les hommes quand il y a lieu.
• Se poser systématiquement la question femmes-hommes dans la conception d’un dispositif médical.
• Ne pas confondre égalité et similitude.
• Cesser, quand on parle de santé, de dire que les femmes sont des hommes comme les autres.