Grands témoins

Marie-Christine Oghly

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Elle voulait être archéologue, elle a choisi la filière géologique, mais c’est dans l’ingénierie et la simulation numérique qu’elle se spécialise, avant de fonder sa propre société, EnginSoft, en 2009. S’ajoute une longue liste de titres et mandats : vice-présidente du pôle international/Europe du Medef, vice-présidente des Femmes Chefs d’Entreprise mondiales, présidente du Club des Femmes de l’Économie, vice-présidente de la Fédération française du Sport en Entreprise (FFSE). Marie-Christine Oghly est Chevalier de l’Ordre national du Mérite et Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur.

Anne-Marie Jonquière (CEA) : Vous êtes chef d’entreprise et cumulez de nombreux mandats. Peut-on évoquer les étapes essentielles de votre parcours ?

Marie-Christine Oghly : J’ai eu la chance de me passionner très tôt pour l’informatique, la simulation numérique et la mécanique des fluides… Pour résumer très court, mon parcours de militante s’est forgé autour de deux axes : le combat pour les femmes dans le domaine économique et la défense de l’entreprise – une entreprise plus humaine, notamment inscrite dans une démarche RSE. Ce sont les raisons pour lesquelles je cumule plusieurs mandats. Si une femme veut faire bouger les choses, elle n’a d’autre choix que de s’engager. J’évolue dans deux univers masculins : l’informatique et le Medef. Je le répète souvent: « Au Medef, aujourd’hui, le féminin de président, c’est vice-président! » Il y a plus de femmes au Medef, plus de femmes dans les comités exécutifs, mais le plafond de verre demeure une réalité qu’il faut hélas dénoncer.

A-M-J: Qu’est-ce qui a changé en 15 ans?

Le combat est loin d’être terminé, pour vous, pour moi. Des évolutions, certes, sont notables, mais il faut rester très vigilantes sur les régressions. Nous devons en permanence convaincre que les femmes comptent, qu’elles ne sont pas des faire-valoir, mais de réels acteurs du développement économique. Leur nombre reste dramatiquement insuffisant dans les CA, les Comex et les Codir. Sans sombrer dans le harcèlement, le principal frein à lever est d’ordre culturel. Le potentiel de réussite au féminin n’étant pas encore ancré dans tous les cerveaux masculins, il faut changer de logiciel ! Les lois promulguées pour féminiser les métiers ont permis des progrès, mais elles ont pour effet pervers de générer des contraintes et de classer les femmes au rang des minorités.

A-M-J: Vous diriez-vous  féministe?

Je ne le suis pas au sens de nos aînées, celles qui nous ont ouvert les portes sur le front de l’égalité,  sous le mode de l’extrême, souvent au détriment de leur féminité. Moi, je suis féministe et féminine.