C’est sympathique une femme…

 

Mireille Le Van Directrice régionale, France Telecom, Colloque InterElles du 8 mars 2002 

Comme j’avais un diplôme d’ingénieur en télécommunications et que tous mes collègues rêvaient de déployer des réseaux, on m’a proposé de prendre ce que les autres n’avaient pas vraiment envie de faire. Finalement, cela a été une chance de m’occuper de comptabilité et d’informatique, c’est ce qu’il faut voir ! C’étaient des métiers très peu nobles à l’époque à France Télécom. Comme on n’était pas nombreuses, ce n’était pas difficile de se faire remarquer. C’est aussi quelquefois un avantage, pour positiver !
Je crois que les femmes n’ont pas de mal à se faire connaître comme des professionnelles. Je crois qu’on nous aime bien. On fait bien notre travail. On est compétentes. On est sympathiques. On est un peu atypiques.
Dans une équipe de direction, c’est sympathique d’avoir une femme ! La difficulté parfois après, c’est pour évoluer. Quand j’ai voulu faire de l’opérationnel, là il a fallu beaucoup de volonté pour le faire. Il a fallu se vendre vis-à-vis de tous les patrons qui m’expliquaient que, bien sûr, je n’avais jamais fait ni de commutation, ni de transmission, ni de technique…


Je me suis dit qu’ils ne savaient pas plus le faire que moi, eux-mêmes s’en étaient déjà très éloignés. Mais surtout je leur ai dit : « J’ai une différence ! Quand quelqu’un m’enfume, je le sais ! Je crois qu’en management c’est plus fort que de connaître la technique !» Ca les a frappés à l’époque, et c’est peut-être à ce moment là que la décision a changé.
Je ne considère pas qu’il y a un bon management et un mauvais management. Je pense qu’il y a un management différent en ce qui concerne le management au féminin. Je pense qu’on a un rapport à la vie privée qui est différent des hommes. On a besoin d’avoir une vraie vie après le travail. Je pense que cela nous donne un recul que beaucoup de collègues masculins n’ont pas. Il faut être heureux le soir d’être attendu par nos enfants, je crois que c’est un atout plutôt qu’un handicap.


J’aime bien les deux. J’aime bien le travail, j’aime bien aussi la maison. Je pense qu’on a beaucoup plus de recul. J’ai eu quelquefois des crises sociales difficiles à gérer. J’avais des manifestations, des grèves etc. Je rentrais le soir, je m’occupais de mes enfants, cela me détendait. Le lendemain matin quand je repartais affronter mes problèmes sociaux, j’avais vraiment l’esprit dégagé. Je me suis aperçue que beaucoup de collègues masculins ne l’avaient pas autant que nous. C’est vrai que de faire faire les devoirs, cela change du travail de la journée. De faire la vaisselle, cela vous ramène à la réalité de la vie !

L’autre point qui est différent sur le management au masculin, je pense qu’on est nettement moins territoire. On ne défend pas un territoire d’activité, on cherche beaucoup plus à réussir dans l’action, c’est très différent. Je manage une équipe à Marseille, on dit quelquefois que c’est un peu macho pour résumer, et je m’aperçois que dans mon équipe de direction où je n’ai que des hommes, le fait qu’ils aient une chef femme a un peu fait tomber la hiérarchie entre eux. C’est différent. On ne peut pas tellement se comparer, mais je pense que c’est plutôt un atout d’être une femme.
J’ai mis beaucoup de femmes dans mes postes précédents. Là je n’y suis que depuis un mois, mais les hommes tremblent !


Mireille Le Van est maintenant Secrétaire Générale de la Fondation Orange